André Boniface Louis Riquetti de Mirabeau

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André Boniface Louis Riquetti de Mirabeau
Portrait anonyme de Mirabeau-Tonneau.
Fonction
Député aux États généraux de 1789
-
Titre de noblesse
Vicomte
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Alter Friedhof (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonyme
M***Voir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Famille
Père
Fratrie
Autres informations
Membre de
Société des Cincinnati de France (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conflit
Blason
Vue de la sépulture.

André Boniface Louis Riquetti, vicomte de Mirabeau, dit « Mirabeau-Tonneau » puis « Mirabeau-Cravates », né le à Paris et mort le à Fribourg-en-Brisgau, est un militaire, journaliste et homme politique français.

Biographie[modifier | modifier le code]

Fils de Victor Riquetti de Mirabeau, marquis de Mirabeau et de Marie-Geneviève de Vassan, frère cadet d'Honoré-Gabriel Riqueti de Mirabeau, il épouse, en juillet 1788, Marie Louise Adélaïde Jacquette de Robien (1756-1814), fille de Pierre Dymas, comte de Robien (1722-1784), procureur syndic des États de Bretagne de 1754 à 1784 et d’Adélaïde-Jeanne-Claudine Leprestre de Châteaugiron[1] (Postérité[2]).

En garnison à Rennes, il s'y rend rapidement impopulaire par ses punitions imitées de l'armée prussienne. Un ancien élève du collège de Rennes raconte :

« La discipline militaire consistait à battre les soldats à coups de canne, de courroies, de plat de sabre, de baguettes de fusil, de verges d’osier […]. J’ai vu sur le rempart de Rennes, le vicomte de Mirabeau, colonel du régiment de Touraine […] présider lui-même au supplice des militaires qu’il faisait passer par les verges. Il les suivait pas à pas, pour s’assurer de leurs effroyables souffrances […]. Il avait épousé, pour sa riche dot, une demoiselle portant l’un des plus beaux noms parlementaires du pays […]. En rentrant à demi-ivre d’un repas de corps, le colonel rudoya sa femme et la battit; mais il avait affaire à une Bretonne de vieille race. Pendant qu’il cuvait son vin, la mariée appela sa femme de chambre, grande fille de Guérande, forte comme un muletier. Toutes deux le roulèrent dans ses draps, et, comme il était monstrueusement gros, elles l’entortillèrent si bien qu’il ne put s’en dépêtrer; alors, prenant ce qui leur tomba sous la main, elles le battirent sans pitié, comme il le faisait à ses malheureux soldats[3]. »

Sous la Révolution[modifier | modifier le code]

Député des États généraux, quand il vint soumettre à son père un projet de discours, celui-ci lui jeta comme une gifle à travers la figure : « Quand on a un frère comme le vôtre aux États Généraux et qu’on est vous, on laisse parler son frère et l’on garde le silence ».

Lors de l'enterrement de son père à Argenteuil le , il se présente comme « vicomte de Mirabeau, colonel commandant du régiment de Touraine infanterie », chevalier de Saint-Louis et chevalier honoraire de Saint-Jean de Jérusalem, membre de la Société de Cincinnati et député de la noblesse du Limousin aux états généraux.

Il s'oppose à la réunion des ordres et à l'abolition des privilèges ().

André Boniface était presque aussi débauché que son célèbre frère aîné. Obèse, son ivrognerie[4] lui vaut le surnom de « Mirabeau-Tonneau ». Rapidement conscient de n’être que l’ombre de son frère Honoré-Gabriel Riquetti de Mirabeau, le malheureux André Boniface constata : « Dans une autre famille, je passerais pour un mauvais sujet et un homme d’esprit, dans la mienne je suis un sot et un honnête homme[5] ».

Écrivain possédant de l'esprit, auteur d'innombrables bons mots, il fut aussi le collaborateur du journal les Actes des Apôtres avec Jean-Gabriel Peltier.

En 1790, le vicomte réside au château de Polangis, situé sur le territoire du hameau dit la Branche-du-Pont-de-Saint-Maur. Il encourage les habitants à se séparer de Saint-Maur, commune à laquelle ils sont rattachés. Ceux-ci, dirigés par Edme Lheureux, marchand de bois, proclament leur commune indépendante[6].

Le , lorsque, Louis XVI annonce qu'il adopte les principes de la constitution, il brise son épée et s'écrie : « Puisque le roi renonce à son royaume, un gentilhomme n'a plus besoin d'épée pour le défendre[7] ».

Après la mutinerie du régiment de Touraine en juin 1790 où sa conduite autoritaire et maladroite exaspère les soldats[8], il doit se justifier devant l'Assemblée qui le renvoie devant le conseil de guerre : il donne sa démission de député en août 1790 et émigre en Allemagne[9]. Il s'installe dans l'Électorat de Bade et lève la légion des hussards de la Mort qui fait aux républicains, en 1792, une guerre d'escarmouches sanglantes et inutiles. Il meurt des suites d'une attaque d'apoplexie ou, selon une autre version, en s'embrochant sur l'épée d'un de ses officiers pendant une altercation. Sa dépouille repose dans un ancien cimetière protestant de Fribourg-en-Brisgau.

Les papiers personnels de la famille Riquetti de Mirabeau et d'André-Boniface de Riquetti, vicomte de Mirabeau sont conservés aux Archives nationales sous la cote 119AP[10].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Georges François Pottier, « Boniface de Mirabeau, Adélaïde de Robien, destins croisés », Mémoires de l’Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Touraine, t. 28,‎ , p. 49.
  2. « Le vicomte de Mirabeau, frère de l'orateur, p. 408 », sur Revue historique de la Noblesse, t. III, dir. par André Borel d'Hauterive, à Paris, 1843
  3. Cité par Georges François Pottier, « Boniface de Mirabeau, Adélaïde de Robien, destins croisés », Mémoires de l’Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Touraine, tome 28, 2015, p. 52.
  4. Un jour que son illustre frère lui reprochait son ivrognerie, il répondit : « Cela est vrai, mais inévitable ; de tous les vices de la famille, vous ne m’avez laissé que celui-là. »
  5. François-Alphonse Aulard, Les Orateurs de la révolution : l’Assemblée constituante, t. 1, E. Cornély et cie, , 573 p. (lire en ligne), p. 175.
  6. Georges Bousquié, Voici Joinville, Vincennes, Bleu éditions, 1964, 95 p.
  7. Cité par Georges François Pottier, « Boniface de Mirabeau, Adélaïde de Robien, destins croisés », Mémoires de l’Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Touraine, tome 28, 2015, p. 54.
  8. Louis Susane, Histoire de l'ancienne infanterie française, t. 4, 1851, p. 359-365.
  9. Mémoires biographiques littéraires et politiques de Mirabeau, 1838, p. 110 [1]
  10. Archives nationales

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]